Infrastructures AMGN : maintenir et moderniser
En 2025, la gendarmerie bénéficie d’une conjoncture immobilière exceptionnelle, avec près de 300 M€ en autorisations d’engagement (AE), un niveau inédit depuis vingt ans.
La rapidité et l’efficacité d’emploi des crédits se sont imposées comme des conditions essentielles pour tirer pleinement parti des enveloppes disponibles avec l’objectif pour l’AMGN : améliorer les conditions immobilières, de travail et de formation, faute d’avancées sur le schéma directeur AMGN 2030.
Une mise en œuvre incertaine du schéma directeur immobilier AMGN 2030.
Créée en 1918 et installée à Melun depuis 1945, d’abord au quartier Augereau puis au quartier Pajol en 1987, l’Académie militaire de la gendarmerie nationale (AMGN) occupe aujourd’hui un domaine d’environ 15 hectares regroupant 62 bâtiments, dont 13 locaux techniques essentiels au fonctionnement quotidien du site. Ce patrimoine immobilier, constitué en partie de constructions centenaires, présente désormais des signes évidents d’usure, de vétusté et d’obsolescence fonctionnelle. Leur réhabilitation approfondie ne relève plus du simple entretien mais nécessite une véritable remise à niveau structurelle.
C’est précisément dans cette perspective que le schéma directeur immobilier AMGN 2030 avait été conçu. Son ambition : moderniser en profondeur l’ensemble du site, adapter les infrastructures aux besoins contemporains de la formation militaire et améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Toutefois, la mise en œuvre du projet demeure fragile. Son coût global, évalué à 230 M€ (chiffrage 2019), représente un obstacle majeur. À cette difficulté budgétaire s’ajoute la complexité du montage juridique, indispensable pour sécuriser un projet de cette ampleur, et des contraintes urbanistiques fortes. La nécessité de modifier le Site patrimonial remarquable (SPR), préalable au lancement de nombreux volets du programme (hors stand de tir), constitue également un frein significatif. L’ensemble de ces éléments explique que, malgré la pertinence stratégique du schéma directeur, sa concrétisation ne soit aujourd’hui ni garantie ni immédiate.
Le groupe de travail « Immobilier et Infrastructures » : une réponse pragmatique et structurante.
Face à ces incertitudes et à la nécessité d’apporter des solutions rapides aux problématiques du quotidien, l’AMGN a créé en 2024 le groupe de travail “Immobilier et Infrastructures” (GT2I), placé sous l’autorité du commandant en second. Cette instance n’a pas vocation à remplacer le schéma directeur, mais à offrir une alternative réaliste, mieux adaptée aux contraintes budgétaires et calendaires actuelles. Elle symbolise une approche pragmatique, visant à combiner amélioration immédiate des conditions d’accueil, de vie et d’entraînement, avec une maîtrise rigoureuse des coûts.
L’objectif du GT2I est clair : entretenir, moderniser et valoriser le patrimoine immobilier existant, tout en préparant progressivement l’avenir. Il permet de concilier un impératif constant, garantir la qualité des conditions de formation, avec une stratégie de modernisation raisonnée, effectuée par étapes successives.
Un programme de rénovation ambitieux, structuré et durable.
Le programme de rénovation déployé par l’AMGN illustre une volonté affirmée de redonner aux infrastructures un niveau cohérent avec les missions de formation, d’encadrement et de rayonnement de l’Académie. Les travaux engagés reposent sur une vision globale, intégrant simultanément : la performance énergétique, la mise en valeur du patrimoine historique, l’amélioration fonctionnelle et opérationnelle, la modernisation du cadre de vie des personnels et élèves.
Dès 2025, la mise en action du GT2I s’est traduite par le lancement de plusieurs chantiers d’envergure, placés sous supervision directe de l’Académie. Un financement de 7,6 M€, mobilisé au titre de l’Activité Générique (AG) 308, a permis de couvrir les opérations de maintenance non spécialisée. Pour garantir un déploiement rapide et sécurisé juridiquement, l’AMGN s’est appuyée sur le marché à accord-cadre “tout corps d’état – TCE” de la région de gendarmerie d’Île-de-France. Grâce à ce dispositif, les crédits ont pu être engagés dans des délais maîtrisés, sans déroger au Code de la commande publique.
Une équipe dédiée, chargée de consulter les entreprises titulaires du marché TCE, de suivre l’intégralité des chantiers et d’assurer la consommation complète des enveloppes, a été constituée. Son action a permis de garantir une conduite opérationnelle efficace, rendant possible une modernisation concrète et progressive du site.
Au total, une dizaine de bâtiments sont aujourd’hui concernés par ces travaux, dont l’achèvement est prévu pour le second semestre 2026. Ces avancées ont été rendues possibles grâce au soutien déterminant du commandement des écoles de la gendarmerie nationale (CEGN), de la sous-direction de l’immobilier et du logement (SDIL), ainsi que du bureau des affaires immobilières de la gendarmerie nationale (BAIGN).
Doubler la capacité d’accueil des élèves-officiers : un chantier prioritaire.
Le premier grand projet impulsé par le GT2I a porté sur l’adaptation des hébergements, au cœur de la rénovation du parcours de formation initiale, voulue par le général de division Frantz TAVART, commandant l’AMGN. L’enjeu était considérable : doubler la capacité d’hébergement de deux bâtiments, l’un dédié au personnel féminin et l’autre au personnel masculin, afin d’accueillir les élèves-officiers du deuxième groupement dès le 1er août 2025 et de renforcer simultanément la capacité des stages annuels.
Les travaux, associés à une manœuvre logistique fine, ont permis de passer de 138 à 270 couchages. Les rénovations ont couvert principalement : la mise aux normes incendie et électrique, la création de nouveaux sanitaires et douches, la réhabilitation complète des douches collectives existantes, l’aménagement de deux chambres à confort amélioré. Le coût total de l’opération s’élève à 550 000 €.
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« Le confort et la sécurité des élèves étaient au cœur des priorités. »
Une gendarmerie qui valorise son patrimoine.
« La première impression compte. » Cette phrase, souvent rappelée par les responsables du recrutement du CEGN à Rochefort, a guidé la rénovation du bâtiment des concours et examens de l’AMGN (cf photos ci-dessous). Autrefois marqué par le temps (fenêtres à simple vitrage, infiltrations, façades dégradées), le bâtiment fait désormais peau neuve, illustrant la volonté de la gendarmerie de préserver et mettre en valeur son patrimoine, tout en offrant un cadre cohérent avec l’image et l’exigence des concours.
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D’autres chantiers structurants ont été engagés dans la foulée : rénovation énergétique (isolation thermique par l’extérieur, remplacement de menuiseries extérieures par du double vitrage, pose de robinets thermostatiques sur les radiateurs), sauvegarde du bâti (ravalement et nettoyage de façades, réfection des toitures), actions de développement durable (pose de lampadaires solaires), amélioration du réseau de chauffage (désembouage, mise aux normes de la chaufferie), sécurisation renforcée du site, modernisation des amphithéâtres et des intérieurs des bâtiments, la mise aux normes incendie et électrique de locaux de service techniques et des hébergements, optimisation des espaces (agrandissement de l’armurerie en utilisant le sous-sol), création d’un nouvel espace de simulation numérique (SESCO 2) au profit du Centre de formation opérationnelle par la simulation numérique (CFOSN). Cet effort constant permet de maintenir une infrastructure conforme aux ambitions pédagogiques de l’Académie.
Quand la rénovation rime avec biodiversité.
L’un des chantiers les plus emblématiques, achevé en 2025, concerne la rénovation des toitures et façades de six bâtiments datant de 1900, ainsi que l’isolation des combles. Représentant 6,4 M€ dépensés, ce projet piloté par la Direction de l’immobilier et de l’environnement de la Préfecture de Police (SGAMI Île-de-France) s’est distingué par une démarche exemplaire en faveur de la biodiversité.
![]() | La découverte d’un nid de faucon crécerelle a conduit les équipes à travailler avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Un plan de maintien a été mis en œuvre, complété par l’installation d’un perchoir spécifique. Le rapace, surnommé Albert, continue aujourd’hui de survoler l’Académie, symbole d’une cohabitation réussie entre patrimoine naturel et chantier moderne. |
« Une belle preuve qu’un chantier peut aussi être un projet écologique. »
Un projet structurant : le futur stand de tir.
Le projet de stand de tir constitue un autre pilier de la modernisation du site. Destiné à répondre aux exigences de la formation initiale, le futur stand fermé, composé de six pas de tir sur 25 mètres, exclusivement dédié au calibre 9 mm, représente un investissement de 2,3 M€. Placé sous maîtrise d’ouvrage du SGAMI Île-de-France, il doit renforcer les capacités pédagogiques de l’Académie.
Les principales étapes, sous réserve de franchir les étapes administratives, budgétaires et techniques, sont :
- 2025 : Finalisation du programme.
- 2026 : Procédure de consultation en marché global sectoriel.
- 2027 : Début des études de conception, nécessaires pour une fluidité dans l’exécution.
- 2028 : Début des travaux.
- 2029 : Mise en service du stand de tir AMGN.
« La trajectoire est fixée, mais chaque étape compte. L’immobilier, comme Rome, ne se construit pas en un jour.»
Les réseaux : la colonne vertébrale discrète mais essentielle du site.
Au-delà des rénovations visibles, les réseaux techniques constituent un enjeu central. Les incidents récents (pannes électriques, fuites ou ruptures de canalisations, dysfonctionnements du chauffage et de l’eau chaude, détection de légionelles) ont souligné la nécessité d’une modernisation structurelle profonde. La réfection complète de ces réseaux, estimée à 6,5 M€, est désormais considérée comme une priorité stratégique afin de garantir la pérennité des activités de formation et la sécurité des personnels comme des élèves.
« La modernisation, c’est aussi ce que l’on ne voit pas : la robustesse des réseaux qui soutiennent chaque mission. »
Poursuivre la modernisation et consolider les acquis.
Selon le niveau de dotation AG308 qui lui sera délégué en 2026, l’AMGN poursuivra sa trajectoire de modernisation progressive, en attendant les avancées du schéma directeur immobilier 2030. Cela pourrait notamment se traduire par la rénovation complète d’un bâtiment d’hébergement, offrant des chambres individuelles avec douches et sanitaires intégrés, afin d’accueillir dans de meilleures conditions les futurs élèves-officiers non éligibles à la concession de logement par nécessité absolue de service (CLNAS), pour s’adapter aux futurs recrutements à venir.
Par ailleurs, la réhabilitation et la mise à niveau des principaux amphithéâtres, Moncey, véritable vitrine de l’AMGN, ainsi que Delfosse et Battesti, permettraient de les moderniser et d’intégrer des dispositifs de diffusion simultanée pour atteindre une capacité cumulée de 600 places.
Cette stratégie, fondée sur des réalisations concrètes, un phasage maîtrisé et des choix budgétaires responsables, offre ainsi à l’Académie les moyens de préparer l’avenir tout en valorisant le patrimoine d’un site historique et emblématique.
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