Le 14 juillet 1984 de la gendarmerie !
Élu président de la République le 10 mai 1981 François Mitterrand avait entrepris de rendre un hommage à chaque Armée au cours des premières années de son septennat. En 1984 il décida que c’était au tour de la gendarmerie d’être à l’honneur.
Le 14 juillet 1984 l’EOGN défila sur les Champs Elysée comme pour chaque fête nationale mais en volume bien plus important cette fois ci. Habituellement seuls les aspirants de l’école de formation étaient de la partie mais pour la circonstance ils furent renforcés par le cours supérieur. C’est pour cette raison que je fais partie des rares officiers de gendarmerie à avoir descendu les Champs comme aspirant et comme sous-lieutenant.
La 88ème promotion se souviendra toujours de ce défilé militaire du 14 Juillet 1984 présidé par le chef de l’Etat, sous la pluie. Dès l’éclatement des troupes sur l’arrière de la tribune officielle, nous regagnâmes rapidement nos cars pour rentrer à Melun où nous défilions à nouveau devant le président en milieu d’après-midi.
Cet hommage à la gendarmerie nationale avait pour cadre le terrain militaire situé sur l’arrière de la gendarmerie mobile, terrain aujourd’hui devenu une zone commerciale. Les deux subdivisions de la gendarmerie (Départementale et Mobile), toutes les gendarmeries spécialisées (Garde Républicaine, Gendarmerie de l’Air, Gendarmerie Maritime, Gendarmerie des Transports aériens, Gendarmerie de l’Armement, Gendarmerie de la Protection Nucléaire) et toutes les formations particulières (Gendarmes de Haute Montagne, plongeurs, maîtres de chien, cavaliers, GIGN etc.) étaient à Melun.
Pendant des jours et des jours nous répétâmes pour que le président voit une gendarmerie irréprochable. Rien ne nous fut épargné, ni les garde-à-vous interminables qui conduisirent certains d’entre-nous au malaise, ni les engueulades homériques d’un colonel de la Direction parisienne qui mettait en scène la présentation des unités, ni les incidents puisqu’un cavalier de la garde tomba de son cheval. Mais ce 14 juillet qui fut qualifié par le quotidien « La République de Seine-et-Marne » de « Défilé du Siècle » fut une réussite.
Devant 8000 spectateurs et 4000 gendarmes constituant les unités défilant, l’hélicoptère présidentiel déposa le chef de l’Etat qui fut accueilli par le président de l’Assemblée Nationale Louis Mermaz, le Premier Ministre Pierre Mauroy, le Garde des Sceaux Robert Badinter, le ministre de l’Intérieur Gaston Defferre, le ministre de la Défense Charles Hernu et bien d’autres autorités qu’il serait lassant d’énumérer.
Pendant tout ce temps nous étions figés sabre au clair et nous le restâmes encore lorsque le colonel Perrigaud commandant l’EOGN évoqua la mort héroïque du capitaine Antoine Ettori, notre parrain de promotion. Puis nous défilâmes suivis de toutes les unités et survolés par des hélicoptères de la gendarmerie symbolisant la modernité de l’Arme tandis que les cavaliers de la Garde témoignaient de son existence séculaire.
Le président Mitterrand qui appréciait la gendarmerie - dès son élection il demanda à être protégé par des gendarmes d’où la création du Groupe de Sécurité de la Présidence de la République en 1981 aux ordres du lieutenant-colonel Prouteau - se déclara très satisfait de ce défilé en terre Melunaise.
Selon les journalistes cet hommage aux soldats de la loi aurait coûté dix millions de francs soit un million cinq cent vingt-cinq mille euros !
Était-ce vrai ? Mais la magnificence de cette mise en lumière de la gendarmerie améliora grandement son image de marque ; ça c’est une réalité.
Colonel (H) Gérard Farré-Ségarra
Promotion Capitaine Ettori (1982/1984)

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